Caroline Goulard est PDG et co-fondatrice de Dataveyes.
Qu’est-ce qui vous a amené à commencer à travailler dans l’édition numérique/médiatique ?
Au début de ma carrière professionnelle, j'avais un parcours et un profil assez atypiques : diplômé en gestion des médias, et passionné de mathématiques. Le journalisme de données est venu comme une évidence. Du journalisme de données, je suis rapidement passé à la visualisation de données, et suis allé encore plus loin, pour me spécialiser dans les interactions homme-données . Aujourd'hui, avec mes 7 équipiers chez Dataveyes, nous inventons de nouvelles formes d'interaction et de narration pour faciliter la compréhension et la communication des données.
A quoi ressemble une journée type pour vous ?
Il n'y a jamais deux jours pareils : je rencontre chaque jour des personnes de différents secteurs (médias, communication, énergie, transports publics, villes intelligentes, etc.) qui ont différents types de besoins et de problématiques en matière de données. C'est très instructif et me permet de rester au courant des innovations. En parallèle des réunions d'affaires, je pilote la conception de nouvelles interfaces pour nos clients. Cela signifie mener des entretiens avec les utilisateurs pour mieux comprendre leurs besoins et réfléchir avec mon équipe pour trouver les meilleurs moyens de visualiser ou de raconter des histoires et d'en tirer le meilleur parti.
À quoi ressemble votre configuration de travail ? (vos applications, outils de productivité, etc.)
Ma boîte aux lettres est tout pour moi. C'est à la fois mon application personnelle de gestion des tâches et mon principal outil de coordination. J'utilise aussi beaucoup Google Drive, pour chaque document de base sur lequel je travaille.
Au sein de mon équipe, Slack, Github et Invision sont les outils qui nous aident quotidiennement à partager nos idées, à suivre l'avancement d'un projet, à stocker du code et à montrer les maquettes. Enfin, un outil très physique complète le kit : nous avons un grand tableau noir dans le bureau pour matérialiser, planifier et suivre le travail sur un projet, les tâches accomplies celles restantes. C'est la méthode Kanban, revisitée pour plus de visuel ! Et, au lieu de coller des post-it, on colle des tickets imprimés par notre imprimante maison : c'est une minuscule, connectée, thermique, qu'on a appelée "Printhub".
Que faites-vous pour vous inspirer ?
J'essaie de me tenir au courant des derniers projets axés sur les données et de lire autant que possible sur la littératie des données et la conception de l'expérience utilisateur. Une grande partie de mon veille technologique vient des newsletters. Je m'abonne très souvent à de nouvelles et je transforme même des sites que j'aime en newsletters grâce à des services comme Blogtrottr !
J'écoute aussi des podcasts sur divers sujets, pas toujours liés aux affaires. Mais surtout, rencontrer des gens pour parler de leurs problèmes « liés aux données » m'inspire. Selon leurs besoins, leurs objectifs, leur contexte industriel et leurs données, nous pouvons imaginer de nombreuses solutions.
Quel est votre écrit ou citation préféré ?
Steve Jobs avait une très bonne métaphore pour l'informatique : « C'est l'équivalent d'un vélo pour nos esprits. Nous pensons aux systèmes qui servent d'intermédiaire entre les humains et les données de la même manière qu'ils nous permettent d'aller plus loin. C'est pourquoi nous nous intéressons tant à la visualisation des données et aux interactions Homme-Données, elles augmentent notre capacité à percevoir et à comprendre le monde. citation complète de Steve Jobs, vous lirez également pourquoi notre capacité à construire des outils fait de l'homme la « couronne de la création », ou du moins dans certains domaines !
Quelle est la chose la plus intéressante/innovante que vous ayez vue sur un autre point de vente autre que le vôtre ?
Les travaux de Victor Bret (ancien designer chez Apple) sur explications explorables sont pour moi une grande source d'inspiration. Je recommande particulièrement « Voir les espaces ». Il démontre que dans un environnement entouré d'outils (des robots qui volent, des robots à qui parler ou des machines qui scannent des livres), le défi n'est pas tant de construire ces outils, mais de comprendre en profondeur comment ils fonctionnent et ce qu'ils font. Voir est la clé pour y parvenir et les «espaces de fabrication» devraient se transformer en «espaces de vision», où les ingénieurs et les concepteurs enregistreraient par exemple les mouvements d'un robot, les visualiseraient, trouveraient des modèles, puis seraient capables de construire un plus robuste et robot fiable.
Son projet « Kill Math » est aussi un incontournable si vous aimez les mathématiques (comme moi), et encore plus si vous les détestez !
Quel est le problème passionné auquel vous vous attaquez en ce moment ?
Ce sont moins de problèmes que les nouveaux environnements riches en données pour lesquels il existe un besoin urgent d'interfaces d'interactions homme-données. La voiture autonome, les villes intelligentes ou encore les technologies comme l'intelligence artificielle (notre article sur l'IA ici ) ou la blockchain (notre visualisation de la blockchain là ) pourraient devenir des « boîtes noires » si nous n'équipons pas les citoyens d'outils adaptés. Pour garder le contrôle sur des systèmes automatiques, complexes et temps réel, ils doivent être capables de comprendre, d'observer, d'analyser ou même de simuler leur activité. Les interfaces peuvent le faire et avec ma société Dataveyes, je fais de mon mieux pour montrer pourquoi les interactions homme-données sont un énorme défi pour aujourd'hui et demain.
Avez-vous des conseils à donner aux professionnels ambitieux de l'édition numérique et des médias qui débutent ?
Les partenaires et l'équipe sont les principaux atouts. Travailler avec des personnes compétentes, passionnées et complémentaires fait de chaque projet une nouvelle aventure dont vous continuez à apprendre. Chez Dataveyes, lorsque je démarre un nouveau projet, je commence toujours par une présentation du besoin de notre client et de ses données à mon équipe. J'entame alors la séance de brainstorming qui donnera naissance au concept clé. Nous lançons alors les phases de conception et de production. C'est magique de voir comment le mélange de compétences transforme une idée en un outil ou une application concrète.